Retour 19 oct. 2023

Des réfrigérateurs en libre-service pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Rencontre avec Marine Delévaux, chargée du projet pour l’association Eco-citoyen, et Aline*, bénéficiaire de l’aide sociale et membre de l’équipe Free-go.

Le projet Free-go, c’est quoi exactement ?
L’idée vient de Rémi Merle, le fondateur d’Eco-citoyen. Il a découvert il y a quelques années les frigos partagés à Berlin et s’est dit qu’on pourrait transposer le concept à Genève. Le projet a pris du temps à voir le jour faute de moyens financiers. Il a réellement commencé à l’été 2022 grâce au soutien de la Ville de Genève. Un premier free-go a d’abord été installé à l’Espace 99 aux Charmilles et, depuis, trois autres ont vu le jour. Un cinquième ouvrira en cours d’année au centre-ville : a priori aux Grottes ou à la Jonction.

Marine, quel est votre rôle au sein du projet ?
Je suis chargée de la coordination et du développement. A ce titre, je suis en contact quotidien avec l’équipe de trois personnes – dont deux bénéficiaires de l’Hospice général – qui fait la tournée des commerces partenaires et des free-go. Mon rôle est aussi de développer le projet en trouvant d’autres entreprises prêtes à nous faire des dons. Je suis par ailleurs en lien avec les partenaires sociaux et chargée d’informer les habitants des quartiers dans lesquels nous sommes présents.

Quels objectifs souhaitez-vous atteindre ?
Nos objectifs sont multiples mais liés. Il s’agit ainsi de lutter contre le gaspillage alimentaire en encourageant les entreprises à nous faire don de leurs invendus, de soutenir des personnes précarisées, de réinsérer socialement et professionnellement des personnes en difficulté en les intégrant à notre équipe sur le terrain, de créer du lien social dans les quartiers en proposant des activités autour des free-go (les jeunes de la Maison de quartier des Pâquis ont ainsi décoré eux-mêmes le free-go qui se trouve à Château-Bruyant) et de sensibiliser plus globalement le public aux enjeux du développement durable.
 

Marine
Marine Deléveaux, chargée du projet Free-go

 

Qui peut venir se servir dans les free-go ?
La plupart des usagers des free-go sont des personnes en difficulté ou précarisées mais tout le monde peut se servir.

A part les commerces (maraîchers, boulangeries, agriculteurs, etc.), acceptez-vous les dons des particuliers ?
Bien sûr ! Ils peuvent faire don de fruits et légumes, de pain et de produits secs comme les céréales en les déposant directement dans les free-go. En revanche, l’alcool, les produits laitiers et les plats cuisinés ne sont pas acceptés car on ne peut pas garantir le respect de la chaîne du froid. C’est différent pour les commerces partenaires, auxquels on fait signer un accord au préalable.
Le processus de collecte est également différent puisque, comme je l’ai dit, trois membres de notre équipe passent chaque matin auprès des entreprises partenaires pour récolter les denrées.

Qui sont vos partenaires principaux ?
Il y en a trois : Côté jardin (union maraîchère) aux Pâquis, Eldora pour le pain et les viennoiseries et l’épicerie étudiante La Farce.

Pouvez-vous m’en dire plus sur les membres de l’équipe qui s’occupent de la tournée des free-go ?
Oui. En plus d’Aline, il y a William et Denis*. Ils sont chargés de récolter les denrées, de les trier, d’entretenir les free-go en les nettoyant si nécessaire, de retirer les éventuelles denrées périmées, et d’y disposer la marchandise en la mettant en valeur. Denis avait par exemple créé un magnifique arc-en-ciel avec des fruits.

 

Arc-en-ciel
L'arc-en-ciel de fruits de Denis


Aline, comment avez-vous intégré l’équipe du projet Free-go ?
C’est mon assistante sociale au CAS des Pâquis qui m’en a parlé. Il s’agit d’un stage en réinsertion professionnelle. J’ai commencé en février 2023, d’abord pour une durée de 6 mois. Puis mon contrat a été prolongé jusqu’en février 2024.

En quoi consiste ce stage ?
Je m’occupe de la tournée des free-go. Je suis à pied d’œuvre tous les matins du lundi au vendredi. 
Trois membres de notre équipe font la tournée des commerces et épiceries partenaires pour récolter les denrées. Deux se trouvent dans une camionnette et la troisième se déplace à bicyclette. En général, c’est moi qui prends le vélo car je n’ai pas le permis de conduire et que j’apprécie d’être en plein air.
Chaque matin, je vais donc chercher le vélo dans notre local, puis je me rends chez le maraîcher Côté jardin aux Pâquis pour récupérer leurs invendus. Je fais le tri et je dépose ensuite les aliments aux quatre emplacements des Free-go, c’est-à-dire les Pâquis, les Acacias, Plainpalais et enfin les Charmilles.

Qu'en retirez-vous ?
Pour moi, c’était important d'exercer une activité dans laquelle je trouve du sens et qui ait un impact concret au niveau local. C’est le cas avec ce projet. Je m’y sens utile.

*prénoms d'emprunt

Les emplacements des Free-go

  • Espace 99 – rue de Lyon 99, 1203 Genève
  • Château-bruyant – rue des Buis 14, 1202 Genève
  • Maison internationale des associations – Rue des Savoises 15, 1205 Genève
  • Centre de la Roseraie – rue de Carouge 108, 1205 Genève

Free-go Pâquis
Le free-go de l'Espace 99
Le free-go du centre de la Roseraie