Retour 5 mai 2020

Sur le terrain avec Sabina Cervoni

A l’origine chargée de projet pour l’insertion et l’intégration, Sabina Cervoni œuvre actuellement au centre d’hébergement collectif (CHC) de Feuillasse en tant qu’assistante sociale « improvisée ». Son collègue Ludovic Marteau, intendant social là-bas, la décrit comme « agréable et très efficace ». Rencontre.

Sabina et Ludovic au centre d'hébergement de Feuillasse

Qu’est-ce que le covid-19 a changé dans votre manière de travailler ?

Sabina : Le 16 mars dernier, il a été décidé de suspendre les mesures d’insertion professionnelle telles que les activités de réinsertion, les activités d’utilité communautaire ou encore les stages dont je m’occupe habituellement. Je veille bien entendu à maintenir le contact par téléphone avec les partenaires et les bénéficiaires, mais sinon je me suis plus ou moins retrouvée au chômage technique.

Est-ce la raison pour laquelle vous vous êtes portée volontaire pour aller sur le terrain ?

S : J’avais du temps à disposition et il était hors de question que je reste chez moi : à mon sens, le télétravail, c’est bien à petite dose mais, quand on peut, il est important d’être avec les autres. Et ça me paraissait naturel et évident d’apporter mon aide au terrain. Avec l’accord de mon responsable, j’ai d’abord contacté les HUG car j’ai une formation d’infirmière. Mais j’ai évidemment privilégié l’interne. Au bout de quelques jours, j'ai reçu un appel du responsable des centres de la rive droite. J’ai d'abord travaillé aux Tattes avant de passer au centre de Feuillasse.

Ludovic : Au moment où Sabina est arrivée, le besoin était grand. Nous étions contents qu'elle soit présente pour nous apporter son soutien.

Quelles sont vos tâches sur place ?

S : Je suis à Feuillasse entre 2 et 3 jours par semaine et mon rôle est essentiellement d’informer les résidents et de les rassurer. En fait, il s’agit plus d’un travail d’assistante sociale que d’assistante sociale en intervention collective (ASIC). Dans la fonction d’ASIC, il y a une dimension d’animation pour laquelle je n’ai pas les compétences et que j’ai de toute façon dû laisser de côté car les activités ont été suspendues en raison du covid-19. Je crois cependant qu’il est grand temps de reprendre un semblant de normalité. Pour leur santé psychologique, les résidents ont besoin de recréer un lien au travers d’activités collectives. Quant aux enfants, avec la distance physique, ils ont de la peine à garder un lien avec leur enseignant.

Deux petites résidentes du centre d'hébergement de Feuillasse

Professionnellement, quels sont les aspects positifs que vous retirez de cette expérience ?

S : Le fait de connaître certaines problématiques de l’intérieur me permettra de mieux me positionner par rapport aux formations que je développe avec mes collègues en tant que chargée de projet. Je garderai cette expérience à l’esprit lorsque je reprendrai mon poste.

Et à titre personnel ?

S : Je ne connaissais alors ni le centre ni les collaborateurs qui y travaillent. On s’est tout de suite bien entendus. J’apprécie beaucoup le fait d’avoir pu collaborer avec des collègues que je n’aurais pas eu l’occasion de rencontrer en temps normal. La crise une fois passée, ce serait une bonne chose d’encourager la mobilité au sein de l’institution.

L : Oui, je suis d’accord. Je suis triste que Sabina parte. Elle a été très efficace et j’ai apprécié son enthousiasme et son état d’esprit.

Propos recueillis le 27 avril 2020

Quelques mots sur le centre de Feuillasse

Situé sur la commune de Meyrin, le centre d’hébergement collectif de Feuillasse accueille pas moins de 160 résidents. Très hétérogène, la population est répartie par catégories dans les quatre bâtiments à disposition. Si les familles occupent l’édifice central appelé « le château », les femmes âgées se sont installées dans une ancienne ferme attenante. Quant aux femmes seules, elles logent dans le bâtiment à l’arrière du château ainsi qu’au rez-de-chaussée de l’annexe. Les hommes célibataires ont eux investi l’immeuble jouxtant les champs de même que le 1er étage de l’annexe.

Eloigné du centre-ville, le foyer bénéficie d’un cadre champêtre exceptionnel. Certains de ses résidents, à l’instar de Nasser, Mahmud, Salman et Nadim en ont profité pour improviser un potager en terrasse. Ils cultivent fruits et légumes dont ils dégustent ensuite le produit ensemble. Un beau mélange de cultures !

Sabina et Ludovic
Le centre de Feuillasse
Quatre résidents devant leur potager
Deux résidents prennent le frais
Potager improvisé
Ca pousse