Retour 17 oct. 2019

Les Tattes frappent fort !

Rencontre avec Matelo, résident du centre des Tattes qui dispense bénévolement des cours de boxe

Matelo, de la RDC à la Suisse

Originaire du Congo-Kinshasa aussi connu sous le nom de République démocratique du Congo (RDC), Matelo vit à Genève depuis 2015. Militaire dès l’âge de 14 ans, il a été emprisonné en 2014 pour raisons politiques et torturé avant de réussir miraculeusement à quitter le pays.

A son arrivée en Suisse, il est d’abord logé en abri PC, puis en centre d’hébergement et en appartement. Il réside désormais au centre des Tattes dans la commune de Vernier.

Matelo est un solide gaillard qui pratique les sports de combat (muay thaï, boxe anglaise, judo) depuis plus de 25 ans. Il s’entraîne régulièrement au club MAA (Martial Arts Academy) aux Pâquis.

Matelo au centre des Tattes

Des cours de boxe pour le respect et la confiance en soi

Un jour, en faisant son footing autour du centre des Tattes, Matelo remarque des enfants en train de se disputer. Cette vision le touche et c’est alors que l’idée des cours de boxe germe dans son esprit car, dit-il, «c’est un sport de respect.»

Il commence par en parler aux coachs de son club. Ceux-ci l’encouragent dans sa démarche tout en le prévenant que motivation et persévérance seront indispensables s’il décide de se lancer. Avec l’aide de son assistante sociale, il met sur pied un plan d’action et soumet sa proposition aux résidents des Tattes ; ils sont, dans leur grande majorité, enthousiasmés par cette idée.

Vue du centre des Tattes à Vernier

Locaux et équipement

Faute de local vacant, Matelo et ses élèves investissent d’abord la bibliothèque du centre. Petit à petit, les cours de boxe remportant de plus en plus de succès, décision est prise de déplacer les meubles et les livres dans une autre salle du centre d’hébergement. Matelo dispose enfin d’un endroit adapté pour donner ses entraînements.

Mais un problème subsiste, celui de l’équipement : quelques machines ont bien été offertes par MAA et les gants achetés par l’Hospice général mais Matelo et ses élèves ont un besoin cruel de matériel supplémentaire : tatamis, haltères, sacs de boxe, machines, cordes à sauter. Des outils d’autant plus nécessaires que les cours de Matelo battent des records de fréquentation : entre 12 et 15 personnes durant les 3 séances de la semaine et une vingtaine le samedi.

Cours pour les enfants

Les femmes chaussent les gants

Cerise sur le gâteau : ils sont ouverts à tous les habitants du centre ! Les entraînements du samedi sont mixtes et intergénérationnels alors que, durant la semaine, certains sont destinés exclusivement aux enfants (à partir de 7 ans) et d’autres aux filles et aux femmes. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas les dernières à chausser les gants. Si leurs objectifs varient (moment pour elles, remise en forme, autodéfense), elles sont ravies de pouvoir se retrouver entre femmes pour s’entraîner.

Les filles chaussent les gants !

Des rêves plein la tête

Ravi de ce succès, Matelo n’en nourrit pas moins des ambitions. Il projette de suivre une formation pour obtenir son diplôme d’instructeur sportif et espère continuer à voir ses élèves progresser. Il aimerait ainsi en mener certains à la compétition dès l’année prochaine. Rendez-vous est pris !

Matelo et ses élèves devant le centre d'hébergement des Tattes
Echauffement
Des curieux aux fenêtres
Quelques minutes de pause bien méritées !
L'art de l'esquive