Retour 12 janv. 2021

Vicky & Gabrielle

Engagée et déterminée, ce sont les deux épithètes qu’on pourrait attribuer à Victoria Morales. De l’engagement et de la détermination, il en faut en effet pour se consacrer durant 31 ans « à ceux qui en ont besoin ».

Quand nous arrivons à l’appartement Gabrielle Sabet où Vicky - comme tout le monde l’appelle - a effectué toute sa carrière, elle nous reçoit avec un grand sourire (caché sous le masque) et des yeux rieurs. Rencontre avec une femme qui tente de « rétablir l’équilibre »

Vicky, quel est votre parcours professionnel ?

Dès l’âge de 14 ans, je savais que je voulais travailler dans le social. J’avais soif de justice, envie d’aider à rééquilibrer les chances. J’ai donc entrepris des études à l’IES (aujourd’hui HETS) et en septembre 89, à peine quelques mois après avoir terminé, j’ai été engagée à l’Hospice général. J’avais 24 ans et mon poste d’éducatrice à l’appartement Gabrielle Sabet est le seul que j’ai jamais occupé.

Justement, pouvez-vous nous en dire plus sur cet appartement et ses résidents ?

Il a vu le jour en 1986. Madame Sabet venait de décéder et feu son mari souhaitait créer en son nom une fondation à but social. Il a rencontré le responsable de Point jeunes de l'époque, qui lui a fait part des besoins les plus urgents. C’est ainsi qu’est né l’appartement Gabrielle Sabet. A l’époque, ce lieu d’hébergement d’urgence était ouvert à toutes les catégories d’âge, proposant un lit et un accompagnement socioéducatif. Avec le temps, les critères d’accueil ont évolué et l’appartement est aujourd’hui réservé aux 18-25 ans. Les jeunes que nous accueillons y séjournent en moyenne quelques mois. Pour résider à Gabrielle Sabet, ils doivent remplir certaines conditions : avoir un permis valable, s’engager à respecter les règles de l’appartement (horaires, ménage, etc.) et être désireux d’entreprendre des démarches pour recouvrer leur autonomie. Le logement est leur première demande mais, une fois sur place, on s’adapte à leurs besoins et on les aide pour les questions administratives comme dans leur insertion professionnelle. En règle générale, les jeunes que nous accompagnons tirent un bilan positif de leur séjour. Certains repassent même de temps en temps pour dire bonjour ou prendre le café. 

Comment cela se passe en ce moment ?

D’ordinaire, 8 personnes peuvent loger en même temps dans l’appartement ; il y a 4 chambres individuelles et 2 chambres doubles. Avec le Covid-19, particulièrement durant le semi-confinement de ce printemps, nous avons dû réduire notre capacité d’accueil et avons accepté que les jeunes restent durant la journée, Ça a été un casse-tête de respecter les mesures sanitaires, principalement la distanciation physique, mais on y est parvenu.

Votre métier d’éducatrice a-t-il évolué avec le temps ?

Oui, le métier d’éducateur a beaucoup évolué. Essentiellement parce qu’on a la chance d’avoir une grande marge de manœuvre dans notre institution ; la direction se montre très ouverte aux suggestions du terrain et, de notre côté, on est aussi à l’écoute des retours des jeunes. Au fil du temps, nous avons régulièrement procédé à des ajustements pour adapter et améliorer nos prestations.

Depuis les années 90, le filet d’accompagnement social s’est aussi étoffé. Désormais, il y a beaucoup plus de ressources à disposition. Nous travaillons avec chaque jeune en collaboration avec d’autres professionnels du réseau. Il peut s’agir aussi bien de veiller à ce qu’ils respectent un horaire, de leur apprendre à gérer un budget, à faire un CV ou de simuler des entretiens d’embauche.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Je suis toujours emplie d’espoir. Travailler avec des jeunes, c’est accompagner des personnes pour lesquelles rien n’est encore joué !
 

Vicky dans le bureau des éducateurs
Le journal de bord dans lequel les éducateurs et les éducatrices notent les informations importantes sur les résident·es
Le salon de l'appartement
Vicky devant une chambre double