Retour 9 nov. 2020

Aux Nations, collégiens et réfugiés tapent la balle ensemble !

Le tournoi de foot

Mahmoud et Imad viennent d’entamer leur 4ème et dernière année au Collège Sismondi qui jouxte le centre d’hébergement pour personnes migrantes de Rigot, géré par notre institution.

Dans le cadre de leur travail de maturité, ils avaient prévu d’organiser des cours de karaté aux Grottes ainsi qu’un concert dans la cour extérieure du foyer. Ces activités étaient destinées aux élèves du collège mais aussi aux résident·es de Rigot. Cependant, comme beaucoup d’autres événements sportifs et culturels, celles-ci ont dû être annulées en raison de la pandémie.

Deux coéquipiers de l'équipe gagnante
Deux coéquipiers de l'équipe gagnante

 

Loin de se laisser abattre, les deux amis ont rebondi en un rien de temps en mettant sur pied un tournoi de football*. Les collégien·nes se sont mêlé·es aux réfugiés et requérants d’asile pour former des équipes mixtes, favorisant ainsi la création de lien et la convivialité. Et on peut dire que l’opération est un succès puisqu’une trentaine de collégien·nes et une dizaine de résidents de Rigot ont répondu présent pour tâter du ballon. Portrait des deux organisateurs.

Mahmoud et Imad au centre de Rigot
Mahmoud et Imad au centre de Rigot

 

Mahmood

Arrivé de Syrie en 2016, Mahmoud est ce qu’on peut appeler un surdoué. Il a d’abord intégré le cycle de Sécheron en classe d’accueil avant de commencer le collège en options spécifiques économie et droit. Alors qu’il ne parlait pas un mot de français à son arrivée, impossible aujourd’hui de déceler une once d’accent. C’est en fréquentant l’Institut des cultures arabes et méditerranéennes (ICAM) – qui favorise le dialogue avec la société d’accueil tout en valorisant les cultures arabes – qu’il a appris la langue mais surtout en lisant des livres : « Je vais souvent à la librairie arabe de l’Olivier chapeautée par l’ICAM. Alain Bittar, le propriétaire, m’a un peu pris sous son aile et me recommande des lectures. Il m’a vraiment aidé à progresser en français ». « Il parle presque parfaitement » abonde Imad qui le connaît depuis plusieurs années « mais il lui arrive encore de faire des fautes de syntaxe » ajoute-t-il en rigolant.

En pleine action
En pleine action

 

Détenteur d’un permis B, Mahmoud a le statut de réfugié. Très sociable lui-même, il a conscience que tous ne s’intègrent pas aussi facilement, à l’image de son père qui a encore des difficultés en français. « A travers ce tournoi de foot, j’aimerais sensibiliser les gens à ce que vivent les personnes réfugiées. Ça ne fait que quatre ans que je suis à Genève mais même moi j’ai tendance à oublier... Et puis, j’ai envie de montrer que nous aussi on peut apporter quelque chose. »

Agé de 19 ans, le jeune homme obtiendra sa maturité au moins de juin. Ses ambitions pour la suite ? Déménager à Saint-Gal pour y étudier la finance, rien que ça !

Imad

D’origine algérienne, le père d’Imad a d’abord émigré seul en France par bateau. Puis, à la suite d’un parcours semé d’embûches, il est arrivé à Genève où il a poursuivi ses études avec succès. Une fois installé, il a fait venir sa femme d’Algérie. Le couple a trois garçons, tous nés en Suisse : Imad et son frère jumeau âgés de 18 ans et leur aîné d’une année. Comme son ami Mahmoud, Imad est un jeune homme ambitieux : sa matu en poche, il souhaite entreprendre des études de droit afin de devenir avocat.

En tant que moniteur de karaté, Imad donne régulièrement des cours à de jeunes enfants pour le service des loisirs du canton de Genève, à travers la plateforme loisirs-jeunes. Dans le cadre du travail de maturité qu’il réalise avec Mahmoud, il avait d’ailleurs pour projet de former les bambins de Rigot à cet art martial japonais, mais la pandémie en a décidé autrement. Imad a toutefois bon espoir de mener ce projet à bien, une fois la crise sanitaire passée.

Une partie de la fine équipe
Une partie de la fine équipe

 

Avec ce travail, Imad a à cœur de sensibiliser les établissements scolaires et les élèves à la question des réfugié·es et, plus largement, les pousser à ouvrir leurs portes à cette population. Pour ce faire, quoi de mieux que le foot ? « Nul besoin en effet de parler la même langue quand on partage l’amour de ce sport. » résume-t-il si bien.

On l’aura compris, ces deux jeunes sont sensibles à la question de l’intégration et c’est tout naturellement qu’ils passeront le flambeau à d’autres élèves de Sismondi le temps venu. Affaire à suivre donc !

Deux des rares participantes
Joana et Zenne


*Cette manifestation a été organisée avant le renforcement des mesures sanitaires liées à la propagation du Covid-19.
 

Mahmoud et Imad devant le centre d'hébergement de Rigot et le collège Sismondi