En Tattes à tête

Il y a quelques semaines, c’était la « semaine de tous les possibles » à la HEAD - Haute Ecole d’Art et de Design de Genève. A cette occasion, Nadia et Emilie, architectes indépendantes, ont proposé aux étudiant·es de passer quelques jours en immersion au centre d’hébergement pour personnes migrantes des Tattes, avec deux objectifs : créer la rencontre avec des résident·es mais aussi élaborer plusieurs projets d’aménagement extérieur.

 
Les projets

A l’issue d’une semaine de travail, les trois projets originaux réalisés en collaboration avec les résident·es ont été présentés lors d’un vernissage. Il s’agit de Meeting box, Arborescence et Le Reflet des Tattes.

L’ingénieuse installation Meeting box vise à favoriser la rencontre. Elle est composée de cubes de bois faisant office de tables, surmontés de parasols, et contenant des assises dépliantes.
Dans la même idée, Arborescence propose un espace destiné à réunir les gens. Composé de bâches accrochées de part et d’autre des arbres, de tables et de chaises découpées, poncées et peintes par les participant·es, il fait face au potager et bénéficie d’une belle luminosité. « On pourrait même installer un écran pour regarder ensemble des matchs de foot » rigole un résident. Mathias et Anaïs, deux des étudiant·es ayant piloté ce projet ont pris plaisir à découvrir les Tattes et à y travailler durant cette semaine. Anaïs : « c’était enrichissant d’interagir avec les résidents. On a échangé, chacun a partagé ses connaissances et ses expériences. » « J’ai adoré pouvoir construire en grand. Je reparticiperais à un tel projet avec grand plaisir » renchérit Mathias le sourire aux lèvres.

Enfin, Elena et Caitlin nous expliquent la nature de Le Reflet des Tattes. « Nous avons repris des phrases qui nous ont marquées lors de nos discussions avec les résident·es. On les a sprayées sur des miroirs accrochés sur des panneaux pour que le voisinage s’immerge dans ces installations. C’est une réflexion des Tattes au propre comme au figuré. »

Une belle participation

Quinze étudiant·es de différentes filières – architecture d’intérieur, bijouterie, arts visuels, communication – ont répondu présent et se sont constitué·es en trois groupes de travail. Ils et elles ont été rejoint·es par quelques résident·es des Tattes. D’abord un peu réservé·es, ceux-ci et celles-ci se sont progressivement ouvert·es, invitant même d’autres habitant·es du centre à les rejoindre à leur tour. Finalement ce ne sont pas moins d’une quinzaine de résident.es qui ont pris part à la conception et à la réalisation des différentes installations.

« Contents de l’expérience »

C’est notamment le cas de Saniy, Stéphane et Sofiene, qui se disent « contents de l’expérience ». Si Stéphane, qui vit aux Tattes depuis un mois à peine, est « heureux d’avoir pu s’occuper et rencontrer du monde », Saniy et Sofiene ont surtout souligné leur satisfaction de « se rendre utile pour la communauté, de faire quelque chose pour les autres ». Un constat partagé par Nadia, Emilie ainsi que Camille, assistante pour la filière d’architecture d’intérieur à la HEAD : « Quand les résidents ont vu que les étudiants les écoutaient, que leurs idées étaient prises en compte, ils se sont ouverts et se sont investis davantage. On a senti une motivation et une implication beaucoup plus grande. »

Et après ?

Etudiant·es, résident·es, encadrant·es de la HEAD et du centre en la personne de Gustavo Hymon parlent d’une même voix : le projet est une réussite et mériterait d’être renouvelé l’année prochaine ! Qui sait, peut-être en été pour profiter au mieux des installations ?