Retour 11 juil. 2025

Le parlement des réfugiés donne une voix aux « inaudibles »

L’un des réfugiés, Pépé Charles Leno, au terme de longs débats dans l’hémicycle a pu serrer la main du conseiller fédéral chargé de l’asile, Beat Jans.pépé charles leno avec le conseiller fédéral Beat Jans

« Je lui ai demandé si ce qui avait été évoqué dans la journée serait suivi d’effets.  Il m’a répondu que c’est le parlement qui vote les lois et qu’il ne peut pas prendre de décisions. Il y avait beaucoup de monde autour de lui. Je m’attendais à ce qu’on puisse discuter mais j’ai vite compris que c’était un haut responsable et qu’il ne pouvait pas s’engager personnellement. »

Quelles ont été les thématiques abordées durant cette session ?

« Une des plus importantes concernait les difficultés pour certains détenteurs de permis de trouver un emploi à cause de leur statut provisoire. En effet, beaucoup d’entreprises ne veulent pas courir le risque d’engager et former une personne qui sera susceptible d’être renvoyée. En fait souvent le « provisoire » dure et il serait bien que l’énoncé des permis ne soit pas un obstacle à l’emploi et corresponde davantage à la réalité. Il a donc été proposé que les permis S (personne à protéger) et F (admission provisoire) soient supprimés au profit d’un permis H, dit humanitaire. Ce permis autoriserait le travail et il y aurait une communication claire à faire auprès des employeurs. Il permettrait également de sortir de Suisse, pour aller voir la famille.

« Concernant les détenteurs de permis N (demandeur d’asile), nous avons invité les autorités à respecter les délais de décision prévus par la loi pour l’examen des dossiers car, trop souvent, ils sont largement dépassés et durant toute cette période les personnes concernées ne sont même pas autorisées à suivre une formation, encore moins de travailler. Nous avons demandé également à être mieux tenus informés de l’évolution du traitement de notre dossier, le fonctionnement actuel étant qu’il n’y a aucune communication, aucun échange possible jusqu’à la décision finale. Les incertitudes liées à une très longue attente ne sont pas propices à l’équilibre psychologique des personnes requérantes d’asile. Enfin, dernier point concernant les permis N et F, il a été demandé que le montant des prestations soit augmenté (il est actuellement de CHF 480.- par mois). 

Toutes nos demandes sont en fait présentées comme des recommandations. Et celles-ci n’auront pas d’impact avant 2027. »

Il a été question d’une situation particulière liée aux Erythréens également…

« Oui il s’agirait de faire une exception à l’obligation d’obtenir un passeport. Cette exigence des autorités suisses conduit les ressortissants érythréens à tomber sous le contrôle et les pressions du Consulat d’Erythrée à Genève qui délivre ce papier. En échange du passeport, les employés du Consulat font signer une déclaration de repentir et font payer la taxe de la diaspora (on parle de 2% du salaire qui doivent être versés). Le parlement des réfugiés a donc suggéré aux autorités suisses de délivrer aux ressortissants érythréens un passeport pour étrangers, afin de les soustraire au chantage qu’ils subissent.

Comment avez-vous été sélectionné pour cette 5e session du Parlement des réfugiés ?

Mon assistant social, qui me connaît bien, savait que j’avais des arguments à partager. Je me suis inscrit et j’ai été retenu pour prendre part à différentes commissions en amont. Ces rencontres ont permis de formuler les questions qui ont été présentées à Berne. »

A voir un reportage du téléjournal qui couvre l’événement et au terme duquel on peut apercevoir Pépé Charles Leno serrer la main du conseiller fédéral Beat Jans.

Téléjournal RTS

 

 

avec le conseiller fédéral
initiative du parlement
en train de siéger