Retour 8 juil. 2020

Le regard de Nicolas Righetti

Cette année, nous avons la chance de travailler avec Nicolas Righetti. Ce photographe genevois s’est beaucoup intéressé aux dictatures de ce monde et ses travaux lui ont valu de nombreux prix. Il a exercé son premier métier d’éducateur à l'Hospice général dans les années 90, le mandat que nous lui avons confié constitue donc en quelque sorte un "retour aux sources ». Rencontre :

Pourquoi avoir accepté de travailler avec l’Hospice général ?

C’est une envie que j’avais depuis plusieurs années. J’ai commencé ma carrière d’éducateur avec des enfants en difficulté, à l’Hospice général au centre le Pont*. De nombreuses années se sont écoulées depuis ce temps-là et je souhaitais pouvoir raconter, avec mon expérience de photographe, ce qui se passe du côté du social.
Grottes
Centre d'action sociale de Saint-Jean

Qu’est-ce qui a changé avec les années ?

J’ai été surpris par ces très beaux bâtiments qui ont été construits. Rigot, tout en bois, est magnifique ! J’apprécie aussi beaucoup la cohabitation intergénérationnelle et intercommunautaire que je découvre dans les centres d’hébergement. Les résidents  paraissent bien y vivre ensemble.
J’ai également noté la « standardisation » des centres d’action sociale qui ont un style très strict au niveau visuel : même mobilier, même couleur, mêmes panneaux. Je pourrais presque dire que si on en voit un, on les a tous vus. Je comprends cette volonté d’harmoniser, mais c’est moins intéressant au niveau photographique. A mon époque, c’était l’inverse, il fallait mettre sa personnalité au mur !
Meyrin
Centre d'action sociale de Meyrin

Un premier bilan après ces premiers mois à l’Hospice général ?

Tout se passe bien. J’ai commencé à créer des liens avec des collaborateurs qui m’appellent régulièrement pour m’informer de telle ou telle activité.
La vraie difficulté a été le COVID-19  qui m’a obligé à tout stopper alors que je commençais à connaître l’institution.
Seymaz
Au centre d'hébergement de la Seymaz


Est-ce qu’il y a eu un moment qui t’a marqué ?

Oui, plusieurs. Par exemple à la Seymaz lorsqu’ils ont commencé à planter le potager. Un migrant priait en mettant en terre une plante : c’était comme s’il s’enracinait une nouvelle fois.
Ou encore un portrait que j’ai pris d’un civiliste avec son vélo à Rigot. J’ai senti, qu’après le déconfinement,  son vélo était devenu le symbole de sa nouvelle vie. Celui-ci lui donnait un nouvel élan.
Rigot
Au centre d'hébergement de Rigot

Et quels sont tes projets ?

Pour l’Hospice général, continuer mes reportages, mais en accélérant la cadence cet été. Je ne veux pas être à nouveau pris de court si une 2e vague du Covid-19 survient. 
Je travaille également sur une série de portraits dans divers lieux de l’institution. Tous seront accompagnés d’une citation de la personne. L’idée est de montrer la vie après le choc de la pandémie, avec les espoirs de chacun. Ils feront l’objet d’une exposition. 
Sinon, à titre personnel, je suis mon frère qui est médecin de campagne dans le canton de Fribourg. Je découvre tant son métier de « médecin de campagne » avec son rôle social que la campagne fribourgeoise et la paysannerie. C’est passionnant ! Je pense en sortir un livre qui s’appellera « Mon frère, médecin de campagne ».
Seymaz
Plantation du potager au centre de la Seymaz

* Le centre Le Pont est un établissement pour jeunes qui a été transféré en 2007 à la Fondation officielle de la jeunesse (FOJ).
 

Nicolas Righetti